samedi 31 mai 2014

Désir et peur




Qu'est-ce que le désir?
Voici un objet,
il y-a contact avec les sens,
née alors une sensation particulière,
agréable, désagréable ou neutre...
Des pensées apparaissent,
classifiant, mémorisant, 
ne retenant que l'agréable  
comme source éventuelle de plaisir
et rejetant le désagréable par crainte du déplaisir.
Selon ce processus,
avidité et attachement se manifestent
et voilà l'égocentrisme qui apparaît.
Une fois satisfait,
le plaisir s'effrite inéluctablement.
 Il y-a alors le désir de retrouver le plaisir
et la peur de vivre dans le manque...
Ce processus est sans fin,
conduisant inévitablement à la souffrance
car le désir, le manque et la peur sont inséparables!
En y regardant de plus près,
désir et peur n'existent que dans le mental!
Ce n'est que construction de l'esprit,
se manifestant à partir de sensations interprétées
comme agréables ou désagréables par le mental.
Il n'y-a en réalité personne qui ne désire ceci 
et personne qui ne craint cela!
Ce ne sont que des pensées, des vrittis...
Ainsi, nous pensons nous intéresser au monde
aux objets et aux autres,  
mais nous ne rencontrons jamais que notre esprit
et l'illusion qu'il se fait de lui même. 
 
Est-il possible d'entrer en relation avec le monde
 sans recherche de plaisir personnel
et donc, sans peur?
Il s'agit, peut-être,
de sortir de notre propre monde illusoire,
fait de souvenirs et d'espérances
et entrer de plein pied
dans la richesse de l'instant présent.
Il s'agit, peut-être,
 d'observer le mécanisme du désir et de la peur.
Y voir clairement
ce processus d'enchaînement au désir,
engendrant systématiquement de la peur!
Le monde du plaisir est extrêmement sécurisant,
 il conduit à l'impression d'être quelqu'un!
C'est même une prison dont nul ne veut sortir!
A chaque instant,
l'esprit peut s'enfermer lui même à double tours.
A chaque instant,
l'esprit peut s'éveiller de son esclavage.

Peut-on vivre sans désirs et sans peur?
Le corps a seulement des besoins.
L'esprit aspire à se reconnaître,                                                                                   un appétit sans but, sans sujet et sans objet.                                                            

Qui y-a t'il en réalité à désirer de la vie?
N'est-elle pas merveilleuse telle qu'elle apparaît,
dans son inéluctabilité et précisément pour cela,
révélant la totalité de ce qu'elle Est.
 
 

mercredi 23 avril 2014

Bonheur sans cause


Le bonheur sans cause n'appartient à aucune voie,
à aucun courrant spirituel, à aucune tradition ou religion...                                                                 
Rien ne peut y mener,
aucune pratique, aucun effort, aucune connaissance,
aucune croyance, aucune chance, aucun karma.
C'est seuleument dans ces instants
où la voie, le chercheur et la recherche sont absents,
où la contraction autour de l'ego meurt,
qu'apparait le bonheur sans cause,
la Gloire de la Totalité, de l'Un.



vendredi 11 avril 2014

Ordinaire





Se découvrir "ordinaire",
Mouvements, de pensées, d'émotions,
Activités, Vrittis...
Rien d'autre!
Rien que devenir
Et rien en devenir.
Vivant, vivant, tel quel...
Ah ah ah, c'est absolument divin!


 

mercredi 26 mars 2014

Aimer




On a tous faim d'Amour.
On a tous soif d'Amour,
On est tous des mendiants d'Amour.
Certains mendient de l'argent, de la nourriture...
Pour la plupart, nous avons suffisamment pour vivre, pourtant, nous sommes quand même des mendiants.
Universellement nous sommes des mendiants de l'Amour.
Nous recherchons l'attention des autres, du réconfort, une reconnaissance, une acceptation, un encouragement.
Toutes nos difficultés relationnelles prennent leur source dans le sentiment de manquer d'amour.
Cette blessure du coeur, c'est la blessure originelle, le sentiment d'être séparé de l'essence du vivant,
de la source d'eau vive et inconditionnelle d'Amour.
Lorsque nous étions petit enfant, nous ressentions cette reliance, aucune frontière entre nous et le monde et les autres.
En grandissant, nous avons appris à nous sentir aimé en fonction de notre capacité à nous conformer aux attentes que l'on avait vis à vis de nous même.
On nous aimait dans certaines conditions, mais pas dans d'autres.
Nous sommes ainsi devenus mendiants dans toutes nos relations, à la recherche de cette reconnaissance de qui nous sommes tel que nous sommes.
On en est venu à considérer l'amour comme quelque chose d'extérieur, quelque chose que l'on doit gagner en nous conformant à certains critères.
Pour moins souffrir nous nous sommes blindés, nous nous sommes fabriqués une carapace censée nous protéger, mais qui en réalité nous coupe du monde et des autres.
Ce sentiment de séparation est la cause principale de la souffrance; "Dukha" en sanskrit.
Jésus a dit: "Aime ton prochain comme toi-même."
S'aimer soi même ce n'est pas se regarder le nombril et s'attacher à son bien être égoïste.
L'Amour commence avec la compréhension et l'acceptation inconditionnelle de  ce que nous sommes.
Ainsi pourra t-on mieux comprendre et accepter les autres tels qu'ils sont.

L'assise silencieuse peut nous aider à nous pauser, à nous reposer de toutes saisies, à nous détendre
et à nous ouvrir intérieurement, jusqu'à cette reconnaissance de nous même pour nous même, qui est la découverte de qui nous sommes vraiment.
Dans ce silence il n'y-a rien à faire de spécial.
Simplement être Présent avec tous nos sens, avec tout le corps et de tout notre coeur;
Entrer en intimité avec soi même, avec les autres, avec le monde et écouter le murmure de l'univers, des galaxies.
Dans une attitude sincère d'ouverture, j'écoute la respiration, le corps, les sensations, les pensées,
les émotions, la nature, le vent, les oiseaux, les feuilles...
J'observe les arbres, les fleurs, les montagnes, les nuages, les humains, moi-même...
Qui suis-je? que suis-je? Qu'est-ce que la vie?
Je suis là où je me trouve, sans y-être.
je suis ce qui est là, je suis cela, sans l'être.
Je ne suis pas grand chose, je ne suis rien et je suis toutes choses.
Je suis ce silence qui parle et qui dit l'unicité de toutes les formes de vie,
Visage véritable, toujours changeant, toujours le même, insaisissable,
Sans commencement ni fin.












mercredi 12 mars 2014

Jardin Japonais



Déambuler sans but, sans raison spéciale,
se laisser éclabousser d'un soleil à peine printanier
 et boire à pleine soif l'eau pure de l'instant.
Il faut prendre le temps,
le temps de marcher, de s'arrêter, de respirer,
de regarder...
Le temps à perdre n'est-il pas le meilleur
du temps gagné?
La lumière de Mars flirte avec l'ombre des arbres.
Un pont rouge, assis tranquillement dans le paysage,
se laisse parer sans effort de fleurs de pruniers
 un peu roses, un peu blanches 
tremblantes dans le vent léger.
Le chant joyeux d'un merle,
la musique cristalline de l'eau,
le ronronnement d'un avion qui s'estompe lentement,
soulignent encore davantage la tranquillité du lieu
qui apparaît en écho avec notre propre tranquillité.
Le silence est rempli
de mouvements à peine perceptibles,
caresse transparente au fil des pas. 
Silence!
L'esprit vacant, disponible,
 ne fait plus aucune distinction,
les frontières s'estompent,
le soleil, le ciel,  
l'ombre, la lumière,
le pont, les fleurs, les arbres 
le chant de la rivière, celui du merle,
le ronronnement de l'avion...
Personne pour écouter.
Alors quoi faire maintenant?
Continuer simplement le voyage
par des chemins tranquilles
et puis cueillir la neige des fleurs fragiles du bonheur,
sans hâte et sans remords.
 
 
 
.
 
 
 


vendredi 7 mars 2014

Vacuité



Tant que nous percevons le monde,
les autres, les choses,
avec nos shémas mentaux,
notre mémoire, nos conditionnements,
nous ne voyons pas la réalité de l'existence
telle qu'elle est,
mais au travers du filtre mental,
tel qu'on croit qu'elle est.
Avec cette vision étroite,
il y-a nous et le monde tel qu'on le projette.
Notre vision est duelle et colorée.
Lorsque la carapace égotique se dissout,
le sens du "moi" n'est plus perçu
comme une entité limitée et autonome,
mais il est contingent,
interdépendant du reste du monde et donc
sans existence propre.
Ainsi, tout devient transparent,
comme vidé d'une "personne" qui n'a jamais été.
Nous voici alors en contact avec tout ce qui va et vient,
comprenant que ce va et vient est totalement libre
de quelque chose ou de quelqu'un.
Il semble alors que tout l'univers s'ouvre
comme une fleur au soleil printanier
et que la vacuité joue joyeusement avec elle même
à travers les apparences.







mercredi 26 février 2014

Soufle de vie





Observer la respiration
Est un grand enseignement à lui tout seul
Respirer
 C'est réaliser l'interdépendance et l'impermanence
De toutes choses
C'est l'énergie de la non-dualité insaisissable
 Sans cesse en mouvement
 C'est un donner et un recevoir toujours renouvelé
Aucun besoin de volonté, de désir, de soif, d'espoir 
Pour respirer
Pas besoin qu'il y-ait une identification à un donneur et à un receveur
Nul besoin d'un quelqu'un qui respire
En l'absence d'ego
Le souffle de vie s'exprime librement 
Et le coeur s'ouvre sans peur
Au grand Mystère
 

vendredi 21 février 2014

Non-dualité



Le silence dérangé par le bruit
n'est pas le silence
La paix dérangée par le conflit
n'est pas la paix
Le bonheur dérangé par le malheur
n'est pas le bonheur
La santé dérangée par la maladie
n'est pas la santé
Le bien dérangé par le mal
n'est pas le bien
La vie dérangée par la mort
n'est pas le vie
La lumière dérangée par l'obscurité
n'est pas la lumière
La non-pensée dérangée par la pensée
n'est pas la non-pensée
La conscience dérangée par l'inconscience
n'est pas la conscience
Le vide dérangé par le plein
n'est pas le vide
Le plein dérangé par le vide
n'est pas le plein
L'éveil dérangé par l'illusion
n'est pas l'éveil.

mercredi 19 février 2014

Naitre et mourrir

 


La nature essentielle
de tout ce qui apparaît et disparaît
n'est ni de naître, ni de mourir.
Apparaître et disparaître
est la respiration instantanée de l'essence de toute chose.
Lorsqu'une fleur naît,
elle se manifeste depuis divers facteurs agissant interdépendament,
la terre, les minéraux, les insectes, le soleil, la pluie, le vent, le climat...
Eux-mêmes conditionnés par différents facteurs.
Ainsi, de la même manière,
un individu n'est jamais né en tant que tel 
parce qu'il n'existe pas en tant qu'entité autonome.
Et lorsqu'il se dissout en tant que forme,
comment pourrait-il mourir
puisqu'il n'a pas de nature propre?
Sensations, pensées, impressions, émotions
composent le corps/esprit dans un enchaînement impersonnel
totalement inpermanent et inter-relié à l'univers et à tous les phénomènes
sans la moindre trace d'un auteur et d'un observateur séparé.
Il n'y-a donc aucun "moi" individuel,
ni aucun"Soi" ultime.
Mais il y-a peut-être une vérité ultime
où rien ne naît, ni ne meurt,
où tout est interdépendant et unifié
dans une danse sans commencement ni fin.
 
 

dimanche 16 février 2014

Incertitude



Murissant en conscience,
il m'apparaît que je ne contrôle pas grand chose dans ma vie 
et même rien du tout!
Ou peut-être seuleument, ma propre adaptation au vaste mouvement
qui dépasse toute volonté personnelle.
Des moments de saisis, de rejets, de rigidité et de doûte
sont vus et relachés sans aucune volonté personnelle. 
Laissant place à la grâce
qui me rappelle à la vision non duelle de l'existence.
Qui sait ce qui m'attend, là, instant aprés instant?
Les fils croisés de mes tendances interreliées dans l'invisible,
vont construire et détruire sans cesse
dans la ronde sans fin de la vie qui va.
Qui y-a t'il a perdre à accepter l'incertitude?
Simplement être vivant, au service de la vie.

 
 

dimanche 24 novembre 2013

L'appel de la vie "Une"



La véritable révolution intérieure,
c'est l'acceptation de la vie telle qu'elle est,
plutôt que de vouloir qu'il en soit autrement.
Dés lors qu'on entend intuitivement la vie qui appelle,
on ne peut qu'abandonner nos espérances d'un ailleurs meilleur
et vivre en toute simplicité tel que nous sommes, là où nous sommes!

Après toutes ces années de pratiques spirituelles assidues,
où j'étais persuadée d'atteindre le sommet de la réalisation intérieure,
de devenir quelqu'un de différent,
d'établi confortablement dans un éveil transcendant et sécurisant!
Après toutes ces années,
j'écoute simplement l'appel de la vie "Une" à chacun de mes pas,
avec cette foi en la vie qui ne repose sur rien
et me renvoie sans cesse à la vérité du "rien" que je suis!

Dharma



dimanche 3 novembre 2013

Eveil, non éveil!

  

Qu'est-ce qui fait la différence entre un homme éveillé et un homme ordinaire?

Sando Kaisen:  "Il y-a deux réponses:
La première est que l'homme éveillé sait qu'il est éveillé, mais l'homme ordinaire ne le sait pas.

La deuxième est que, pour l'éveillé, la vérité ultime et incomparable provient d'une intuition subtile et indéfinissable, tandis-que pour l'homme ordinaire, elle est du domaine de l'intellect, du raisonnement spéculatif et du mental qui prend source dans la mémoire sensorielle et limitée des zones frontales.

Tandis que l'éveillé vit la vérité réelle, l'homme ordinaire pense depuis le cimetière des expériences passées.
Tandis que l'un est éternellement vivant, l'autre est mort de son vivant.
Tandis que l'homme ordinaire est capable de création, l'éveillé se recrée constamment, ne laissant derrière lui aucune trace.

Mais si l'homme ordinaire s'éveille subitement, cette vérité lui apparaîtra dans toute sa nudité.

En fait, la vérité de l'éveillé n'est pas différente de l'homme non-éveillé.
Si tous deux actualisent leur nature originelle, l'univers tout entier se met en marche."

Mais cette vérité dont vous parlez, sur quoi repose-t-elle?

 Sando Kaisen:  "Pour l'éveillé, elle ne repose sur rien de spécial.
Tandis que pour l'homme ordinaire, elle repose sur les formes et leurs nominations."

Sur quoi repose le principe?

Sando Kaisen:  "Sur rien!"

vendredi 6 septembre 2013

La joie d'être simplement


Qui suis-je?
Qui est le "moi" que je crois être?
Le corps, le mental, les émotions, les sens, les perceptions,
ne sont qu'une succession ininterrompue de phénomènes sans consistance.
Depuis notre enfance tout ce qui est censé être "nous-même" a changé,
nos goûts et aversions, notre esprit et nos sentiments,
ne sont plus les mêmes qu'aujourd'hui!
A présent, il ne reste pas une seule cellule du "moi" d'hier!

A quoi allons nous nous identifier alors et qui va s'identifier?
"moi" n'est pas une entité,  "moi" n'est pas figé.
En  chacun de nous, naissance et mort se succèdent,
non pas entre le moment de notre naissance et celui de notre mort,
mais d'instant en instant, d'une pensée qui apparaît et qui disparaît, 
d'une inspiration à une expiration.
Le corps/esprit est comme le ciel, toujours changeant,
parfois clair, sans nuages, parfois couvert de toutes sortes d'illusions.
Ce processus de changement est dû au fait que toutes les existences
sont liées les unes aux autres, sans aucunes séparations.
Notre véritable nature n'est pas une nature fixe, différente de celles des autres,
mais fondamentalement semblable et interdépendante.
En même temps tout est exactement tel qu'il doit être à chaque instant et tout est libre.
Cette vision spacieuse de l'existence
nous amène à  ne plus nous attacher à des catégories,
à des croyances, à des fonctionnements mentaux dualistes.
Voir les phénomènes, non pas comme illusoires,
mais comme sans substances propres et comme soumis au changement,
nous permet de ne plus être affectés par ce qui se manifeste.
Objectivement rien est changé, mais subjectivement,
notre manière de voir le monde est différente.
Ainsi les nuages du karma passé sont éclairés par la joie d'être simplement,
ici et maintenant en contact avec tous les êtres.
La pratique de la méditation naturelle,
nous permet d'exercer notre attention à être avec ce qui est,
unifiés aux mouvements permanents de la vie.
Les techniques de développement personnel aident ceux qui les pratiquent
à ne plus suivre la volonté des autres et à s'affirmer eux-mêmes.
La méditation naturelle n'est pas une technique de développement personnel, 
pour se purifier, mieux être ou atteindre un objectif spécial.
Il ne s'agit pas d'améliorer sa personnalité, son pouvoir personnel,
mais de retrouver à la joie d'exister simplement avec tous les êtres.
Lorsqu'on s'assied en silence pour méditer, on n'attend rien,
car l'assise même nous permet de réaliser notre véritable nature.
Il n'y-a donc pas à vouloir ou rejeter, à adhérer à quoi que se soit ou fuir ce qui est là.
Il s'agit d'être attentif, de voir,
de goûter ainsi tout ce qui se manifeste en nous et autour de nous,
sans rien saisir, sachant que tout est éphémère, donc vide de substance permanente. 
Ainsi, naissance et mort, vrai et faux, beauté et laideur, chaud et froid, clarté et obscurité,
mouvement et stagnation, droite et gauche, tout à sa juste place sans séparation, ni confusion.
Tout est parfait à chaque instant.
Aucune voie ne nous conduit à l'éveil car il n'y-a jamais eu de séparation.
La vie toute entière est notre nature fondamentale.

Bernadette (swami Dharmapriyananda)















jeudi 29 août 2013

La juste posture

LA JUSTE POSTURE - Kusen de Sando Kaisen

 
C’est très difficile, très subtil, de trouver la juste posture.
Car il y a à la fois une partie de la posture qui est tenue consciemment et une partie qui est tenue inconsciemment.
Il est important de ne pas complètement s’oublier au point de perdre conscience, ni de vouloir contrôler la posture tout entière.
Aussi, les genoux poussent vraiment le sol, ça c’est le point conscient.
Les cuisses, les fesses, sont relâchées totalement, et à la base de la colonne vertébrale, il y a un point d’appui conscient.
Ensuite, toute la partie dorsale est totalement relâchée, y compris les épaules, y compris la nuque.
En réalité, c’est une erreur de dire : « Tendez la nuque » car la nuque doit être relâchée totalement.
Par contre, c’est comme si le ciel tirait par une ficelle le sommet du crâne vers le haut, délicatement.
En fait, ce n’est pas nous-mêmes qui poussons, c’est comme si cela était tiré.
Donc, ce doit être très délicat.
Quant au rentré de menton, il doit être très délicat aussi, c’est juste un léger rentré.
On ne doit avoir aucune tension dans la nuque, ni dans la gorge, ni dans les épaules.
Ensuite, le plus délicat, ce sont les mains, parce que les mains sont le baromètre de tout ce qui précède.
Quand tout ce que je viens de dire est bien mis en application, à ce moment-là, la main gauche, qui se trouve sur la main droite, pousse légèrement vers le bas et la main gauche pousse légèrement la main droite.
La main droite se soulève vers le haut, vers la main gauche, tout cela est très délicat, et enfin les pouces se joignent à l’horizontal, dans une légère poussée l’un vers l’autre.
Les paumes de la main, l’une comme l’autre, sont totalement relâchées.
Les mains ne doivent pas être tendues, raides.
Enfin, les tranchants internes des mains sont bien en contact avec le bas-ventre, mais en contact juste au point où, lorsqu’on expire, lorsqu’il y a une expansion du bas-ventre, c’est le bas-ventre qui vient se coller après les mains, et non pas les mains qui se collent après le bas-ventre.
Ainsi, la posture est réalisée à la fois naturellement par le monde invisible et aussi par le fait d’être l’incarnation du monde invisible, par la volonté, par une légère volonté, par une conscience présente en unité parfaite.
Le regard doit être légèrement pénétrant, comme si on pénétrait le sol, mais pas avec violence, pas avec une trop grande intensité.
En vérité, le moteur de tout ce que je viens de dire, c’est comme s’il y avait une énergie lumière qui faisait tous ces efforts, qui poussait.
Ce n’est pas une énergie corporelle, pas une énergie matière, plutôt une énergie lumière, c’est très délicat.
Et plus on va se concentrer sur cette délicatesse, plus on va pénétrer dans le tréfonds de l’Origine sans origine, de la Grande Présence.
Cela ne peut pas être possible seulement par la matière.
En fait, il faut que l’esprit, la conscience, pénètre la matière, s’installe dans la matière, jusqu’à ce que la matière devienne esprit, sensible, connaissante, délicate, perceptible.
Quant au souffle, bien sûr il s’inspire naturellement de lui-même, on ne fait aucun effort, voire même, on ne s’en occupe pas.
L’inspiration naît d’elle-même, tout simplement parce que l’expiration vient de disparaître, de se dissoudre.
La conscience s’arrête un instant, comme à l’instant de la mort, puis le souffle nous pénètre de l’extérieur, naturellement.
L’expiration doit être contrôlée, mais… pas contrôlée.
Si la posture est parfaitement alignée comme je viens de l’expliquer : le bassin bien basculé, pas d’effort sur la colonne dorsale, la colonne totalement libérée du corps, alors le souffle, l’expiration, devrait naturellement se diriger vers le bas, sous l’œil conscient de l’esprit mais sans volonté particulière.
C'est-à-dire que, si une expiration sur trois ou quatre n’a pas la longueur qu’on aurait souhaité, ça n’a aucune importance.
Si l’expiration s’arrête aux trois-quarts du chemin, elle meurt aux trois-quarts de chemin et ainsi de suite.
Il n’y a pas de souffle court ou long, rien n’a été préétabli.
Donc, il ne faut pas forcer.
On ne doit pas forcer car notre corps est impermanent.
Certains jours, on respire profond, d’autres jours moins profond, ceci est naturel.
Et ce n’est pas parce qu’on obligera le corps à expirer toujours profond qu’il va atteindre un état particulier de profondeur.
Le souffle, c’est quelque chose qui ne nous appartient pas consciemment.
Ainsi, les femmes ne peuvent pas expirer profondément jusqu’en bas comme les hommes à cause des organes internes, sexuels.
Donc elles respirent naturellement, mais les hommes respirent naturellement aussi.
Ensuite, lorsque la nuque est bien détendue – j’insiste encore sur la nuque : ne tendez pas la nuque, c’est vraiment une mauvaise traduction, une mauvaise explication, une mauvaise interprétation de ce que disait Sensei quand il disait « tendez la nuque », il ne savait pas comment le dire autrement – lorsque cette nuque est totalement détendue et que l’on est tiré par le haut, par le sommet du crâne, en fait, la mâchoire de détend.
C’est très important que la mâchoire se détende, ce qui permet aux dents de la mâchoire inférieure de se coller contre les dents de la mâchoire supérieure, naturellement, sans qu’il y ait une tension dans la bouche.
Enfin, pour que les dents inférieures touchent les dents supérieures et qu’elles puissent s’y maintenir, on colle la pointe de la langue légèrement recourbée, le plat de la langue, contre le palais supérieur.
Mais tout cela se fait délicatement, sans effort.
C’est presque l’action de l’esprit plus que l’action de la matière.
Au début, c’est de la matière, mais petit à petit, en s’affinant, même le souffle n’est plus le souffle.
C’est juste une verticalité, une énergie qui est avant le souffle.
Ce qu’il y a de merveilleux dans la posture, c’est qu’on peut pratiquer toute une vie et affiner, affiner, affiner…
Et plus on affine, plus nos pensées s’affinent, plus nos gestes s’affinent.
Plus la matière revient à son origine première, à l’esprit, plus la matière devient souple, plus les pensées deviennent souples.


Alors, ensuite, l’état d’esprit.
Il y a beaucoup d’incompréhension sur l’état d’esprit.
Souvent, il est dit ou écrit que l’on doit disparaître, corps et esprit : « personne sur le zafu, rien sur le zafu », qu’il faut totalement se fondre, « corps et esprit abandonné »…
Il y a des termes comme cela…
Parfois, certains écrivent qu’il faut être tellement dans le samadhi que plus rien d’autre n’existe…
En réalité, ce n’est pas du tout cela.
Lorsqu’on est appliqué à affiner cette posture dont je parlais à l’instant, lorsqu’à la fois l’esprit et la conscience sont conscients de certains points de la posture, alors que d’autres points se réalisent naturellement, lorsque l’homme et le Bouddha ensemble s’unifient et agissent, lorsque le monde visible et invisible agissent en même temps, en unité parfaite, en fait on est à la fois conscient des bruits extérieurs et conscient des points sur lesquels l’esprit s’appuie mais en même temps ne s’attache pas.
Parfois c’est la colonne, parfois c’est les mains, parfois…
En fait, l’esprit voyage, ne s’arrête nulle part mais il parcourt le corps de sa Grande Présence sans oublier le monde extérieur.
Pourquoi ?
Parce qu’en réalité il n’y a ni monde intérieur ni monde extérieur.
Ce que l’on croit être à l’intérieur de nous n’est rien d’autre que la Grande Conscience extérieure, ce qui veut dire que nous-mêmes ne sommes rien d’autre que la conscience extérieure.
Parfois, Sensei disait : « Ce n’est pas sûr que le satori vienne de l’intérieur, il peut aussi venir de l’extérieur »
Il vient sûrement de l’extérieur…
Donc, cet équilibre n’est pas facile à trouver : être conscient à la fois de ce qui se passe à l’intérieur et, en même temps, ne pas s’auto hypnotiser à l’intérieur : le son des clochettes, du vent, tout cela fait partie de la présence, tout cela se joue au cœur d’une même présence.
Lorsqu’on réalise vraiment cela, alors on découvre que ceci n’a ni naissance ni mort.
Encore une fois, parfois Sensei disait : « Ne vous inquiétez pas, même mort, rien ne change, la conscience continue ».
C’est pareil que dans le zazen, la Présence est toujours présente, tout cela ne s’éteint pas.
Donc on peut être certifié en réalisant cela, en l’actualisant, finement.

Et enfin, ne pas oublier les bases de notre zazen.
Bien comprendre que chaque chose, chaque geste a son importance.
Après le coup de cloche, vraiment enfermer les pouces dans les mains, les poser sur les genoux et faire le balancement, du plus petit au plus grand.
De même avant le zazen, du plus grand au plus petit.
Avant le zazen, après le zazen, se relever lentement, d’abord une jambe, puis la deuxième.
Il faut toujours continuer à être conscient : conscient de la jambe qui se détend, conscient de la deuxième.
Puis ce geste ressort qui fait que l’on se lève, bien consciemment, que l’on se retourne, qu’on prend le zafu, qu’on le tasse délicatement en le tournant par trois fois pour qu’il soit tassé bien rond…
Tout cela fait partie de la posture de zazen.
Bien aligner son zafu, se diriger vers l’autel, faire gassho, ressortir du pied droit…
Même si, après, on se disperse un peu, ça n’a aucune importance.
Si on accompagne cela jusqu’à la porte, à chaque zazen, de plus en plus, cela vous accompagnera dans la vie quotidienne.
Ces cinq mètres de parcours deviendront un jour un parcours infini.











 
 


 


lundi 26 août 2013

Vague et océan



La vague qui s'identifie à la vague,
se croit séparé des autres vagues et du reste de l'océan.
La vague ne voit pas qu'elle est impermanente,
et aussi interdépendante de l'océan tout entier.
Elle ne sait pas qu'elle n'a aucune existence propre et donc aucune réalité.
Elle croit en sa suffisance, en son indépendance, en son libre arbitre,
elle croit en ses désirs de grandeur et de réalisation personnelle,
elle croit surtout en elle-même, en ce rien!
Dans son rêve, bonheur et souffrance,
vie et mort sont incontournables.
Elle cherche à s'emparer du bonheur et à éviter la souffrance.
Dans son malheur, elle essaiera d'inventer l'éternité.
Elle va créer quelque chose d'éternel à atteindre...
Paradis, Nirvana, Dieu, Soi, Atman ou Brahman!
La vague prendra alors conscience, qu'elle n'est pas grand chose,
et pensera : Je ne suis rien, seul l'océan est tout puissant,
seul l'océan existe! Seul celà est!
L'océan est le maitre, il vit en moi, il est mon maitre intérieur!
Elle ne s'aperçoit pas qu'elle reconstruit un autre rêve.
Elle vit dans une autre illusion de permanence
et s'accroche de toute ses forces à son mirage spirituel!
Dans ce paradis fait de certitude,
plus de place pour la spontanéité, pour la fraîcheur,
pour l'étonnement émerveillé et sans cesse renouvelé de chaque instant.
A force de rigidité et de douleur,
la vague réalisera un jour l'impermanence de toute chose...
Elle verra que son océan/paradis n'est pas immuable,
il change sans cesse, il est en mouvement permanent.
les vagues sont vides d'identité personnelles et l'océan est aussi vide de noumène.
Les certitudes d'un Soi permanent,
et tous les rêves en un paradis éternel de vagues s'effondrent alors!
La vague devient de plus en plus lucide et que voit t'elle?
Elle voit clairement la naissance des vagues, la souffrance et la mort.
Elle voit la cause de la souffrance,
qu'est l'ignorance qui règne dans l'océan des vagues.
Elle voit que l'ignorance n'est que fixation, que saisie.
S'éveiller du rêve s'est réaliser le mouvement incessant de l'océan,
naturellement fluide et spontané.
C'est réaliser l'unicité permanente et interdépendante avec toutes les vagues,
l'océan créant sans cesse de nouvelles vagues,
et les vagues reliées les unes aux autres, n'étant rien d'autre qu'océan.
Elle prend enfin conscience que l'océan et les vagues, "c'est moi"!
Enfin, dans un gigantesque éclat de rire la vague réalise
que l'eau, quelque soit sa forme, vague ou océan,
ne peut être enfermé dans aucune catégorie!

Bernadette (swami Dharmapriyananda)







samedi 3 août 2013

Présence



La méditation n'est pas une pratique de plus
en vue d'atteindre un objectif de mieux être,
ou un état d'Être.
C'est un appel intuitif à l'Essentiel,
flux et reflux, fluidité lucide,
Eveil au mystère, à chaque instant présent.
La méditation n'a rien à voir avec la philosophie
ou avec la reflexion intellectuelle,
ni avec les pratiques compliquées.
Elle est retour à l'arrière plan silencieux,
depuis lequel toute chose apparaît et disparaît.
Elle est le mirroir
dans lequel le vivant se reflète en permanence,
afin de réaliser son essence.
Plus personne alors qui médite,
aucune entité assise.
"Se connaître soi-même, c'est s'oublier soi-même." disait Dogen
S'oublier et réintégrer la vérité,
ce qui Est, depuis toujours,
Visage originel,
Présence!

Bernadette (sw.Dharmapriyananda)






mardi 23 juillet 2013

Vie et mort



Ma vie,
d'où m'est-elle venue?
Où ira t'elle
quand-elle me quittera?
Assis solitaire sous la fenêtre de ma hutte
je sonde mon esprit en silence.
Laborieusement;
j'ai beau sonder mon esprit
je n'en vois pas le début,
comment serai-je alors capable
d'en connaître la fin?
C'est toujours vrai aujourd'hui encore,
à force de rouler cette idée dans ma tête,
je constate que finalement
tout est vide!
Et qu'un instant au sein de cette vacuité :
"J'existe"!
Et, de plus, qu'il y-a en celà
et du pour et du contre.
Il me vaut mieux; alors,
l'accepter un peu
et trouver tranquillement la paix
   au grè des conditions de mon destin
Ryôkan

mardi 16 juillet 2013

Illusion


Ils sont nombreux dans la vallée à admirer la montagne,
à disserter sur sa beauté et à rêver de l'escalader un jour,
tandis-que ses sommets acérés et glacés demeurent désertés.
"Beaucoup sont appelés et peu sont élus",  disait Jésus.

Parmi tous ceux qui s'intéressent à la spiritualité,
combien sont prêts à remettre en question véritablement leur vision des choses?
Car la vision que nous avons depuis la vallée, n'est pas la même que depuis le sommet!
Toute cette agitation, ces désirs, ces buts à atteindre, ces craintes,
la course au confort, au pouvoir, à l'argent, à la sexualité, à la beauté, à la jeunesse,
et parmi tout cela, l'ambition spirituelle...
Le concept d' un Dieu éternel à atteindre!
Tous sont captivés par l'illusion mondaine ou spirituelle et pourtant...
Tout passe et trépasse, le temps efface toute chose.
Combien de choses primordiales dans le passé,
nous laissent indifférents aujourd'hui?
Combien d'êtres que nous aimions,
ne sont que vagues souvenirs?
Nous avons cru connaître des gens,
mais nous n'avons jamais rencontré que nos propres projections mentales!
Comme un songe, nos existences apparaissent du vide
et y retournent sans laisser aucune trace.
Toutes nos possessions, nos constructions ne sont que châteaux de sables.

Jamais le rêve n'a conduit à la vérité, réaliser la vérité c'est sortir du rêve.
Voir cela profondément, c'est rejeter définitivement toutes les espérances,
se retrouver nu et seul comme au premier jour. 
Cela est la vraie Libération..
Subtilement lucide au delà de toutes idées d'emprisonnement ou de libération.
Passants... "Soyez passants" disait Jésus
Passez, trépassez à chaque instant, renversez toute image établie,
et offrez-vous à la vie, au mystère qui vous dépasse.

Bernadette (sw.Dharmapriyananada)


samedi 13 juillet 2013

Liberté



La liberté consiste à se donner complètement à la vie,
Tout accueillir l'agréable et le désagréable, sans ménager ses arrières.
C'est accepter d'être totalement ouvert, vulnérable quoiqu'il arrive.
Être libre c'est être Un avec la vie telle qu'elle se présente, dans un "Oui" absolu à ce qui Est.
La principale leçon de l'existence est de découvrir que nous sommes libre et l'avons toujours été.
L'Unité, l'éternité sont là à chaque instant, en nous et tout autour de nous, mais nous l' oublions.
Perdus dans nos illusions, nos pensées, nos espoirs, nos attentes, nos ruminations, nos désirs,
nos attachements, nous vivons enfermés dans la prison du mental, séparés de nous-même
et du reste du monde.
Toute quête de la liberté nous éloigne toujours plus loin du trésor qui gît dans notre coeur.

Le Nirvàna n'est pas un bien à saisir, ni un lieu de félicité à atteindre.
Il est là à chaque instant, dans le mouvement du vivant.

Jésus a dit: "Si vos guides vous disent que le royaume est dans le ciel,
alors les oiseaux du ciel vous devanceront.
S'ils vous disent qu'il est dans la mer, alors les poissons vous devanceront.
Mais le royaume est en vous et hors de vous.
Quand vous vous serez connu, alors vous serez ce qui est connu et vous saurez que vous êtes les enfants du père vivant.
Mais si vous ne vous connaissez pas, alors vous êtes dans la pauvreté, vous êtes la pauvreté."

Nous sommes ici, sur cette terre, pour découvrir qui nous sommes, expérimenter l'Unité dans la diversité, nous éveiller hors de l'illusion, hors de l'espérance, hors de la séparation.
Nous réalisons alors combien nous sommes immensément riches et l'avons toujours été!

La porte du royaume de la liberté est le moment présent et la clé, l'Attention.

Bernadette (sw.Dharmapriyananda)

mardi 9 juillet 2013

Interdépendance


  Le tissu de nos vies
est fait de liens avec les choses,
la nature, les animaux et les hommes.
Pourtant, égocentrés dans nos histoires personnelles
nous ne savons voir plus loin que le bout de notre nez.
Toute pratique spirituelle authentique
consiste à élargir nos frontières individuelles,
jusqu'à embrasser l'univers tout entier.

                              
                                                     Bernadette (sw.Dharmapriyananda)